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Affairés dans le pop-up store de la Draft au passage Choiseul, lui incline un pot de fleurs posé sur une vieille valise, elle précise la mise au point d’une photo destinée à Instagram. Lui c’est Jacob, 29 ans, juriste en droit des affaires, « les bras du business », l’apprenti chineur devenu pro. Elle c’est Daphné, 26 ans, infirmière en psychiatrie, « passionnée de livres d’histoire et de brocantes ». Ensemble, ils forment « les trocanteuses », initialement un compte Instagram de meubles et miroirs vintage qu’à deux ils chinent et restaurent. En couple depuis 10 ans et installés à Melun dans le 77, Daphné et Jacob ont très vite été happés par le succès et la demande autour de leur projet. « Le déclic ? Un meuble secrétaire pour notre appartement, un des premiers d’ailleurs. Il était énorme et je le trouvais dégueulasse… Daphné a commencé à le rénover, l’a repeint en gris, on l’a posé chez nous et mixé à des meubles scandinaves. Les gens qui passaient chez nous étaient fans, on l’a très vite vendu et on a commencé à y croire. »

Lorsqu’ils ne se consacrent pas à leur carrière respective, Jacob et Daphné occupent leur temps et l’espace libre dans leur appartement avec leurs trouvailles dégotées en brocantes, dans des dépôts meubles, vides maison ou débarras. « Jacob se charge de la remise en état (découpe, retirer le placage, etc.) puis une fois que l’objet est en état d’être relooké, je passe à l’aspect créatif. » Et pour Daphné, la passion du meuble est arrivée en héritage. Originaire du nord de la France, son grand père ébéniste a transmis de mère en fille la passion du bois. « Je suis passée à la pratique plus sérieusement y’a deux ans, pour notre “chez nous”, quand on est sorti de résidence étudiante. Du coup, j’ai toujours mis un point d’honneur à pratiquer des prix raisonnables, pouvant attirer les jeunes aussi. Et avec Instagram tout est allé très vite. » Un amour et une connaissance de la décoration qui ont très vite séduit Jacob. « Malgré le fait que j’étais dans quelque chose de très terre à terre avec mes études de droit, en entendant les retours positifs des gens et en voyant l’épanouissement de Daphné, j’ai vite été convaincu. Puis tu te prends au jeu quand tu chines un truc et qu’il part 2 jours plus tard. »

Pour l’un comme pour l’autre, l’Upcycling apparaît comme une évidence. Leur liste d’arguments n’est d’ailleurs pas en reste. « Si tu achètes un objet dans une grande chaîne hormis l’aspect neuf, le meuble n’a pas d’histoire et il n’a plus la qualité que tu trouves dans les anciens, tu vas le payer plus cher et tu vas le retrouver dans l’appart de tes potes. Nous on garantit l’authenticité, la qualité et l’unicité. » Développe Jacob. Sur« les trocanteuses », il faut compter un minimum de 180 € pour une commode et 250 € pour un grand miroir. Depuis peu, ils proposent également d’anciens tapis vintage à des prix variables (à partir de 80€).

Et comme un projet arrive rarement seul, Daphné envisage déjà un prolongement du concept, toujours basé sur le principe d’upcycling, mais un peu plus loin cette fois. « Je vais voyager au Sénégal le mois prochain. J’ai envie de travailler les paniers en jute, le lin et le wax, le tout dans des couleurs épurées. Les gens pensent à tort que l’artisanat africain est synonyme de couleurs criardes. On restera dans une logique artisanale et upcycling. » Jacob ponctue alors « Elle ne te le dira jamais, mais pour elle c’est aussi un moyen de renouer avec ses racines africaines ».

Et quand on leur demande s’ils dorment encore la nuit, la réponse se fait évasive. « On est fatigués, mais le samedi à 8 h on trépigne pour partir à la pêche aux découvertes. » Et c’est exactement ce qu’ils reflètent quand Jacob anime la galerie présente au Pop-up et que Daphné multiplie les Stories, une équipe complémentaire qui tirent à bras-le-corps leurs initiatives passionnées avec deux énergies débordantes.

Photos : João Bolan