À seulement 27 ans, Diane Audrey Ngako vient de sortir un livre de photos « They call it Africa, We call it home ». L’occasion de faire le bilan de ces années où elle s’est évertuée à créer des ponts entre les cultures africaines et le reste du monde.
« Si l’opportunité ne frappe pas à ta porte, crée ta porte. » C’est un peu le mantra de Diane Audrey Ngako. Le mois dernier, elle était passée par Paris et Londres pour faire la promotion de son livre de photo, mais c’est seulement la semaine dernière par visioconférence que nous nous retrouvons. Grand sourire, elle est assise à la table de réunion au milieu des bureaux de son agence Omenkart. Pendant notre entretien, plusieurs collègues l’interpellent pour finir tel ou tel dossier, elle n’arrête jamais.
L’aventure a commencé il y a 4 ans alors qu’elle travaille au journal Le Monde. Diane-Audrey Ngako décide de lancer le site « Visiter l’Afrique ». Le but : donner à voir des images différentes de l’Afrique. « À l’époque, on ne parlait continuellement que des maladies, des guerres qui sévissent en Afrique. Aujourd’hui c’est différent » se réjouit-elle. « Avec 500 euros en poche, on s’est lancé pour le plaisir. On ne s’attendait pas à un tel engouement. » Très vite, les six amis qui gèrent le site reçoivent des propositions de publicité : Air Côte d’Ivoire, Accor Hôtel. Puis une campagne de financement participatif. « On s’est dit qu’il fallait mettre sur pied une société pour gérer toutes ces nouvelles opportunités. C’est pour ça que nous avons ouvert Omenkart à Paris. » C’est à ce moment-là que Diane-Audrey Ngako décide de partir, non plus pour visiter son Cameroun natal, mais pour y vivre définitivement. Elle lance une nouvelle entreprise de communication là bas et laisse derrière elle le journalisme, sans regret « J’ai toujours voulu faire de la communication. Mon agence s’appelle Omenkart, car Omenka veut dire artiste en langue igbo du Nigeria. J’ai ajouté le mot art car j’aime l’art sous toutes ses formes. ! »
Le livre de photo publié à compte d’auteur est issu de la page instagram « Visiter l’Afrique ». « Depuis 2013 des touristes, des visiteurs nous envoient des photos. Il était temps d’en faire un objet. Si internet disparaît demain le livre permettra de montrer ce qu’était l’Afrique. »
Dès le début du projet, elle s’est entourée d’une commissaire d’exposition Koyo Kouoh. L’intérêt n’était pas de montrer les spots touristiques de l’Afrique, mais plutôt de mettre en valeur des photographes amateurs et leurs visions. Avec la commissaire d’exposition, elles ont sélectionné 250 photos du compte Instagram « Visiter l’Afrique ». « La question des photographes pro m’a été posée plusieurs fois. Mais les visiteurs armés d’un appareil photo ou même d’un téléphone, ce sont eux qui font visiter l’Afrique. J’ai voulu leur rendre hommage. » Et pas n’importe quels voyageurs : au milieu des dix carnets de voyages du livre, Bozoma Saint Jones directrice de la communication d’Uber partage un texte sur son pays natal, le Ghana. Inna Modja, la mannequin et chanteuse nous amène à Bamako au Mali où elle est née. « Visiter l’Afrique » creuse le sillon de l’ouverture vers le monde, loin du marasme actuel.
Photos : Guillaume Flandre