MEDIA      AGENCE      RECHERCHE      SHOP      CONTACT

Hier soir à la salle Micro-Folie, la ville de Sevran-Beaudottes (93) a reçu comme il se doit une nouvelle génération de startuppers. *Argot s’y est rendu…

Nous sommes le jeudi 2 mars, le 93 accueille la grande finale de son premier grand concours de start-up, la « Startupper Academy ». Après 30 jours d’appel à projet à travers tout le département, 10 start-ups sélectionnées, 4 d’entre elles sont invitées ce soir à venir défendre corps et âme leur projet devant un jury composé d’experts et un public avide de nouveauté, de fraîcheur et surtout désireux de découvrir ce que ces talents pas toujours visibles ont à leur offrir.

Après avoir effectué les quelques pas qui nous séparent de la gare de Sevran-Beaudottes, un grand bâtiment rouge se dresse devant nous. Il s’agit de la salle Micro-Folie, qui fera office d’arène pour la soirée. Le lieu est en train de se remplir et laisse présager l’imminence du spectacle. Une rimbambelle d’hôtes et d’hôtesses arborant un t-shirt aux couleurs du concours accueillent chaleureusement les invités du soir et se hâtent d’effectuer les derniers préparatifs. Le DJ, lui, s’emploie à échauffer nos oreilles en faisant cracher à ses enceintes de grands classiques du rap français : Booba, Kaaris (l’enfant de la ville).

« J’ai connu la Startupper Academy grâce à un ami. Il m’a dit qu’ils avaient besoin de bras pour ce soir » nous confie Paul, 20 ans, venu bénévolement renforcer le staff. Étudiant en information-communication, il est accompagné de Yanis, lui originaire de Bezons, ainsi que de Feraht. Ses deux amis sont très attirés par l’univers des start-up et souhaiteraient également se lancer dans l’aventure. Comme eux, beaucoup, dans le public, sont venus entre amis admirer les stars de la soirée. La salle est désormais quasi comble. Au centre, un podium autour duquel sont disposées une bonne centaine de chaises. Sur chacune d’entre elles deux cartons, un rouge et blanc et un stylo sont minutieusement apposés.

20h30, le top départ de la soirée est donné. Un homme, barbe grisonnante, s’avance sur la scène. Il s’agit de Cyril Chiche le créateur de Lydia. Il fera également office de chauffeur de salle. L’homme nous parle de ses débuts en tant que créateur d’entreprise. Il évoque les difficultés propres au parcours de l’entrepreneur, tout en distillant avec humour quelques précieux conseils à l’assistance. Au premier rang, des hommes et des femmes ont l’air « très importants ». Il y a, entre autres, des professionnels du financement et de l’accompagnement de start-ups : Cyril Bertrand, du fonds d’investissement Xange et Marwane Elfitesse, de la Station F.

Après une petite vidéo de présentation du concours et de ses différents participants, s’ensuit un petit mot de Mohamed Ghilli, l’initiateur du projet. Les règles de la grande finale de ce soir sont très simples : 4 start-up vont s’affronter en 4 rounds, un peu à la manière d’un match de boxe. 2 demies-finales désigneront les finalistes puis logiquement le vainqueur de la soirée.

Le premier à faire son entrée sur la scène demi-finale, c’est Julien Mousseau, cofondateur de TRACKTOR, une plateforme web de location d’engins de chantiers. Très rapidement, le challenger présente ses associés et son projet, avant de se soumettre aux questions expertes du jury. Son adversaire s’appelle Maâde. Originaire de l’Essonne, elle est diplômée de HEC… Et elle a apporté une guitare pour nous présenter son projet, Copelican. Il s’agit d’une start-up spécialisée dans l’expédition d’objets entre particuliers. Les 2000 annonces postées chaque mois sur l’application témoignent du génie de son projet. « Si je suis venue ici aujourd’hui, c’est pour vous dire que les talents sont partout, même dans les cités du 91 et du 93 » déclare-t-elle avant de se soumettre à son tour aux questions du jury.

Place aux votes. Nous comprenons enfin à quoi servent les fameux petits papiers bleus placés sur les chaises. Une grande majorité de rouges s’élève alors pour Maâde, qui remporte alors la manche avec Copelican.

La 2ème demi-finale oppose Akacha à Fatoumata. Akacha a créé, avec Mourad et Maloud, Carto-SI, une application qui propose un service de cartographie. Depuis, il compte à son actif des clients tels que la douane française et Pasteur. Le public, probablement composé en grande partie de ses amis, accompagne d’un tonnerre d’applaudissements chacune des phrases. Fatoumata, vêtue quant à elle d’une superbe jupe en wax, sera son adversaire du soir. Elle a crée Conneted-Eco une solution d’optimisation agricole proposée au Mali. En mars 2015, elle s’est d’ailleurs rendue sur place pour tester la phase pilote du projet. Elle s’est rendu compte des milliers d’hectares de terres non exploitées. Cette fois-ci le score est serré. On assiste alors à une scène pour le moins amusante. Tout le petit staff se met à compter les petits papiers levés dans le ciel. C’est finalement Akacha qui remporte la manche -son projet étant jugé comme étant «économiquement plus réaliste».

La grande finale oppose donc ce soir Maâde et Akacha. Nouvelle confrontation, la demoiselle défend une nouvelle fois avec brio son projet et en profite pour tacler celui de son nouvel adversaire. « Votez pour nous car il a déjà beaucoup de moyens ! » lâche-t-elle. Dans un bon esprit, et toujours aussi combatif, Akacha remonte sur scène et entame une envolée lyrique tout en répondant au passage à la taquinerie qui lui a été adressée. Il faut dire que le jeune homme se distingue par son sens de la répartie.

Le moment critique de la soirée arrive, les deux finalistes vont être cette fois-ci uniquement départagés par le jury. Après une longue phase de concertation toujours très nourrie en conseils, la récompense -comprenant 10.000 euros et l’intégration de station F – est attribuée à la jeune demoiselle.

À l’heure où tout le monde parle du Grand Paris, les organisateurs de ce concours, à travers le talent des entrepreneurs qu’il a su révéler ce soir, ont sans doute prouvé, en cette jolie soirée de mars, que la banlieue avait un grand avenir.

Photos : Lance Laurence