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Entre les années 1957 et 1990, le centre-ville de Saint-Denis a été le théâtre de l’un des plus grands chantiers de rénovation urbaine d’Europe. Considérées comme insalubres, des milliers d’habitations sont détruites afin de laisser place à de grands ensembles de logements. Le centre-ville est divisé en plusieurs « Îlots », chacun d’entre eux sera imaginé par un architecte différent. Le défi est de taille, le nouveau centre de Saint-Denis doit désormais pouvoir loger des milliers de personnes dans un espace très limité.

L’Îlot 8 constitue un remarquable témoin de l’état d’esprit de l’époque. Situé à proximité de la Basilique de Saint-Denis, entre la mairie et le vieux marché, son architecture atypique en fait un point de repère idéal.

Imaginé par l’architecte française Rénée Gailhoustet, déjà connue pour avoir imaginé plusieurs ensembles de logements sociaux, l’immeuble accueille 182 appartements et un centre commercial. L’œuvre porte sur l’aspect massif des bâtiments et ne recherche pas l’uniformité. Elle entend plutôt créer un ensemble respectueux de l’identité des habitants. C’est sans doute la raison pour laquelle les espaces communs sont situés à l’intérieur du complexe, à l’abri des rues bruyantes. Tout comme le fait que chaque appartement semble être différent et dispose d’une terrasse conçue comme un espace vert privé permettant à tout habitant de cultiver son jardin.

Aujourd’hui, presque 30 ans après la fin des travaux, la réalité quotidienne semble bien éloignée de l’utopie des concepteurs. Toutes les personnes que nous avons rencontrées se heurtent à de gros problèmes pratiques : infiltrations dans les appartements situés sous les terrasses, à tel point que certains habitants sont gravement malades. L’isolation des logements laisse également à désirer, les fenêtres n’ayant initialement pas été conçues pour s’ouvrir, rendent la ventilation difficile.

Ces complications semblent être la conséquence d’un type de construction bon marché très en vogue dans les années 80. À cela, s’ajoutent des problèmes sociaux, certains des espaces communs servent désormais d’emplacement idéal à des activités illégales.

À l’horizon du Grand Paris et des projets pharaoniques prévus sur la commune (franchissement Pleyel, Grand Paris Express), ces questions rendent urgente la rénovation de l’Îlot 8.

Les photographies qui suivent rendent hommage à une architecture qui accepte de relever le défi de créer de nouvelles façons de vivre. Elles honorent la vie quotidienne des habitants de ces ensembles que nous sommes habitués à voir de l’extérieur.